[item] Un nouveau départ (encore)... Mais pourquoi la vie est coûteuse même ici?!

(HRP : Aller, je suis gentille...)

Le Serpent évita souplement les attaques répétées de Linda et émit un sifflement moqueur. Non, mais cette petite chose croyait-elle vraiment que lui, Seigneur du Désert, se laisserait...

Le Serpent n'eut guère le temps de finir sa pensée. La lame de Samaël tournoya dans l'air, irradiant d'une lueur sanglante. Sa rotation formait un disque écarlate qui passa à une dizaine de centimètres du visage de Linda et laissa sur la peau pâle de la jeune fille une fine rayure, par laquelle du sang se mit à couler.

Ce n'était pas de la lumière couleur de sang. C'était du sang. Un nuage de sang, tranchant comme de l'acier, qui entourait la lame, suintait de la lame. Elle fusa droit vers le serpent, qui ne fut pas assez vif pour l'éviter. Elle le transperça, le trancha en deux. Coupure bien nette. Le sang qui s'écoula des deux morceaux de la créatures s'élevèrent dans les airs en fins filets rougeâtres, augmentant le nuage tranchant de la fine lame. Quand les parties animales furent exsangues, la lame aspira le nuage de sang qui l'entourait et disparu. Pour ré-apparaître dans la main de Samaël, qui se tenait déjà auprès d'une Linda à genoux par terre. La lame était propre, brillante d'un éclat meurtrier. L'aveugle s'agenouilla auprès de sa cliente.

- Laissez moi examiner ça.

Et sans lui demander son avis, il souleva légèrement le haut de la jeune fille, juste assez pour que les horribles blessures soient visibles. Ce n'était pas beau à regarder. Les doigts frais de l'homme effleuraient les bords déchiquetés des morsures. C'était un touché doux. Inutile de faire souffrir la pauvre fille. Il se redressa.

- Nous nous sommes trop éloignés de la ville pour faire demi-tour, mademoiselle. Ecoutez, l'oasis que je voulais vous montrer n'est plus qu'à deux heures de marche. Je doute que vous puissiez vous déplacer jusque là, mais là-bas, vous pourrez vous étendre pendant que je me chargerai de soigner ces horreurs. Je peux vous porter, si cela ne vous dérange pas.

La proposition était tout à fait décente et le visage de Samaël trahissait beaucoup d'inquiètude. Deplus, il était évident que le snag qui s'écoulait des morsures aurait vite raison de Linda et qu'elle ne tarderait pas à s'évanouir. Il fallait d'urgence se rendre dans un endroit calme.

Évidemment, ce qu'elle toucha était uniquement du sable. Vu l'état dans lequel elle se trouvait, il ne fallait pas s'attendre à grand chose d'autre. Elle entendit le sifflement de la créature, quelque part pas très loin d'elle, en serrant les dents alors que la douleur qu'elle avait semblé ignoré partiellement jusqu'à présent remontait progressivement. Puis, soudain, Samaël passa en mode grossbill agressif.

En quelques instants, la créature fut littéralement sciée en deux. L'attaque alla même érafler la fille qui écarquilla les yeux devant autant de puissance; il avait gardé cela en réserve durant tout ce temps? Ou bien peut être que l'utilisation d'un tel mouvement possédait des contreparties qu'il valait mieux éviter de subir dans de telles conditions? Etrangement, malgré la tempête de sable, un calme étrange sembla s'instaurer. Elle tourna le regard vers l'aveugle qui posa un genou à terre.

"Je... Merc..."

Mais avant même qu'elle ai pu terminer son mot, ses yeux vibrèrent et son expression se perdi dans un rictus de douleur. D'un seul coup, elle hurla. L'adrénaline du combat étant passé et ses esprits lui étant pleinement revenus, elle ressenti d'un seul coup à la fois les morsures de la bête et du poison, et sous le choc la douleur lui paru décuplée. La seule chose qui sembla faire illusoirement baisser la douleur dans un premier temps fut la main de Samaël qui examina les plaies assez impressionantes. Pendant qu'il regardait le pauvre état de la fille, celle-ci se mordit la langue pour éviter de se remettre à crier sous la douleur tandis que des larmes coulaient le long de ses joues. Etrangement, elle avait un air plus proche de celui d'une fillette de son âge qu'avant cette rencontre, et elle était parfaitement consciente de ce fait.

Nous nous sommes trop éloignés de la ville pour faire demi-tour, mademoiselle. Ecoutez, l'oasis que je voulais vous montrer n'est plus qu'à deux heures de marche. Je doute que vous puissiez vous déplacer jusque là, mais là-bas, vous pourrez vous étendre pendant que je me chargerai de soigner ces horreurs. Je peux vous porter, si cela ne vous dérange pas.

"Ca... Ca ira... J'ai l'hab..."

Elle se releva difficilement et, faisant un premier pas, comme pour vouloir inciter l'homme à continuer ainsi, elle déclencha un nouveau pic de douleur qui lui valu de tomber par terre de nouveau en hurlant. Tournant la tête vers Samaël, elle prit conscience de l'air qu'elle devait avoir, et remercia les cieux que son collègue détesté de l'ordre du miroir ne soit pas là. Encore sous le choc, elle articula faiblement, commençant à sangloter sans pouvoir y faire grand chose.

"Je... pourrais pas le faire moi même..."

La fille cria de douleur avant de s'effondrer sur le sable? Des sanglots rauques et mal contenus s'échappèrent de sa gorge et Samaël sentit la sienne se nouer sous la tristesse et la compassion. Il ne pouvait la voir mais savait cette fille d'apparence très jeune, son ami le barman la lui avait décrit. Elle avait fait preuve d'un courage incroyable en attaquant ce serpent et avait résisté vaillament à ses attaques. Elle ne méritait pas de mourir ainsi et ici, au beau milieu de nul part.

Elle ne mourrait pas. Il ne le permettrait pas. Il le sentait dans toutes les fibres de son corps : cette fille était particulière et un grand destin se déroulait sous ses pas. Il se pencha sur elle. Passant un bras sous les genoux de Linda et l'autre sous ses épaules, il la souleva et s'étonna de sa légerté. Priant pour que ses mouvements n'aggravent pas ses blessures, il se mit à courir. Etait-ce le sable en constant mouvement dans ses tempête ? Linda avait l'impression de voler. Si elle avait eu assez de force pour ouvrir les yeux, elle aurait compris qu'elle n'avait pas vraiment tort...

Samaël courut aussi vite que ses jambes et les différents poids qu'il portait le permettaient. Il courut durant une heure, pendant laquelle la vie de la fille s'échappait en même temps que son sang, qui tâchait les vêtements clairs et les mains de Samaël. Elle poussa un long cri de douleur qui lacéra le coeur de Samaël avant d'émettre un sanglot déchirant. Il serra les dents et accéléra. Encore et encore.

Le poison qui se diffusait dans les veines de la fille la faisait hurler. Des flammes qui léchait son corps et la consumait de l'intérieur. Elle sombra dans l'inconscience.

C'était un très bel endroit. Des arbres partout et un ruisseau d'eau clair qui s'échappait du coeur même de la falaise. De la terre riche et noire cotoyait des rochers blanchis et une herbe rase.
Samaël allongea la fille sur un rocher plat avant de se pencher sur elle. Sa respiration était hératique, presque inexistante. Mais pourtant là. Fil ténu de vie. Elle s'accrochait.
Il ôta son bandeau et souleva les paupières. Il était aveugle, cet acte était donc inutile, mais ça l'aidait à se concentrer. Il souleva le haut de la fille et se mit au travail.

Son premier travail fut d'extraire le poison dans sa totalité. Les nerfs, chairs et vaisseaux sanguins sectionnés, sous ses mains, se rapprochèrent et fusionnèrent. Il lui fallut une heure de travail minutieux sous un soleil de plomb pour achever ses soins. ne subsistait du combat que de fines cicatrices qui couraient sur le ventre, la taille et le dos de la fille. Finalement, il enroula ces parties dans un large bandage. Il lui ôta son haut tâché de sang et déchiré avec toute la délicatesse possible et lui en enfila un autre, beaucoup trop grand, mais propre. Sa respiration était redevenue normale. Il fouilla dans son sac et lui fit avaler un antidote au poison. Puis il attendit, patiemment, qu'elle se réveille. Au loin, le Soleil entamait sa descente vers l'Ouest.